Cet article (dont le titre a été modifié) a été publié le 10 juillet
sur le site vih.org et nous le reproduisons avec l’aimable autorisation de l’auteur.
Qu’elle soit pandémique, comme c’est le cas depuis le mois d’avril 2009 avec le virus A H1N1, ou saisonnière et hivernale, la grippe est un risque pour la santé du patient infecté par le VIH. En
effet, au-delà de manifestations cliniques asthéniantes du syndrome grippal (fièvre, fatigue, douleurs musculaires et articulaires), l’infection peut être compliquée d’atteintes notamment
pulmonaires provoquées par le virus lui-même ou par une surinfection bactérienne. Dans ce dernier cas, le pneumocoque ou le staphylocoque doré sont le plus souvent en cause. Ces atteintes
pulmonaires peuvent évoluer vers une détresse respiratoire aigüe puis une défaillance multiviscérale1. Ces manifestations pulmonaires d’origine virale ou bactérienne ont été principalement
observé chez l’enfant et l’adulte d’âge moyen (moins de 60 ans) depuis le début de la pandémie à virus Influenza A (H1N1).
Chez le sujet infecté par le VIH, qui présente une fragilité pulmonaire spécifique même lorsque son immunité est préservée ou restaurée, le syndrome grippal est,
selon plusieurs études, plus long et plus invalidant que chez le sujet non infecté. Il s’accompagne plus fréquemment d’une hospitalisation et expose aux mêmes complications infectieuses virales
ou bactériennes que chez le sujet immunocompétent.
Comment se protéger au mieux?
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Contre la grippe saisonnière
Le vaccin contre la grippe saisonnière, tué ou inactivé, est sans risque chez le sujet infecté par le VIH. Il peut-être pratiqué quelque soit le niveau d’immunité.
D’après les données encore limitées qui sont aujourd’hui disponibles, il est efficace chez le sujet infecté par le VIH, c’est-à-dire qu’il protège contre la grippe, en particulier lorsque le taux
est CD4 est supérieur à 100/mm3. Une seule injection est suffisante. Chez le sujet profondément immunodéprimé, une deuxième injection du vaccin n’apporte pas de bénéfices.
Concernant la grippe pandémique, on ne dispose pas encore de vaccin permettant de se protéger contre le virus A H1N1. En revanche, un vaccin dirigé contre le
pneumocoque, principale complication bactérienne associée à la grippe, est disponible (Pneumo23, une injection par voie intramusculaire de préférence ou sous-cutané, tous les trois ans). Il est
relativement efficace, bien toléré, recommandé et remboursé chez le patient immunodéprimé, en particulier le patient infecté par le VIH. Cette recommandation du rapport Yeni est toutefois peu
appliquée en milieu hospitalier. Dans le contexte d’une pandémie grippale en cours, il peut paraître utile de s’assurer de la mise à jour de ce vaccin.
En second lieu, les antiviraux de type oseltamivir (Tamiflu) ou zanimivir (Relenza) sont prescrits par le médecin. Ils réduisent la durée et la sévérité des
symptômes grippaux surtout lorsqu’ils sont pris précocement, à la suite d’un contact avec une personne infectée ou dans les deux premiers jours du syndrome grippal. Les interactions avec les
traitements antirétroviraux demeurent mal connues, mais il n’y a pas de contre-indication formelle à l’administration concommitante d’antiviraux et d’antirétroviraux. Une vigilance particulière
du médecin est requise en cas de co-administration d’oseltamivir et d’inhibiteurs de protéase boostées (possibles effets indésirables neurologiques) et chez le patient présentant une dysfonction
rénale, en cas de co-administration d’oseltamivir et de INRT à excrétion rénale (lamivudine, emtricitabine, tenofovir). La posologie de l’oseltamivir en traitement curatif est de 75 mg deux fois
par jours pendant cinq jours, par voie orale.
Des mesures simples de prévention
Des mesures simples permettent de réduire – sans toutefois l’éliminer – le risque de transmission du virus de la grippe. Ces mesures comprennent en particulier le lavage fréquent des mains au
cours de la journée, l’évitement de contacts entre les mains et les muqueuses (bouche et yeux), le mouchage répété dans un mouchoir.
D’autres mesures, comme le port d’un masque protecteur, pourront être le cas échéant recommandées par les autorités sanitaires.
Les précautions du voyageur
Chez le patient VIH voyageur, les mêmes précautions s’appliquent. Les destinations les plus à risque, régulièrement recensées sur le site de conseils aux voyageurs du
ministère des Affaires étrangères, seront si possible évitées. Un traitement prophylactique systématique n’est pas recommandé. Par ailleurs, le patient VIH doit être protégé contre la grippe
saisonnière. Les souches en cause peuvent être similaires dans l’hémisphère Nord et l’hémisphère Sud ou au contraire, différer. L’information destinée aux professionnels de santé sur les souches
circulantes et la composition des vaccins est régulièrement mise à jour par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Compte tenu de la situation de la pandémie grippale au virus A H1N1, aucune destination n’est spécifiquement déconseillée cet été. En revanche, les mesures
vaccinales et préventives décrites ci-dessus s’appliquent pleinement et incitent à la prudence.
En cas de symptômes ou de contact avec une personne malade : Consulter sans délai
En cas de symptômes de type fièvre, douleurs de gorge, toux, difficulté à respirer, céphalées voire douleurs abdominales, vomissements, diarrhée, ou de contact étroit avec une personne présentant
ces symptômes, il est indispensable de contacter sans délai son médecin traitant ou le centre 15 pour être orienté. En effet, que le consultant présente des symptômes ou qu’il ait été en contact
avec une personne malade, la mise en route du traitement curatif ou de la chimioprophylaxie doit être effectuée dans les 48 heures après le début des symptômes ou le contact. Après avis médical,
des prélèvements pourront être réalisés afin d’obtenir un diagnostic précis (par prélèvement naso-pharyngé). Un traitement par antiviraux, et le cas échéant par antibiotique, ainsi qu’un suivi
adapté, à domicile ou à l’hôpital, seront mis en place par le médecin.
Guillaume Le Loup, Hôpital Tenon