TEMOIGNAGE D’ADHERENTS… LA GPA AUX ETATS UNIS !
Julien et Joaquim, adhérents à Nouvel Esprit, ont proposé de faire part de leur parcours vers la parentalité.
-La GPA c’est quoi ?
La Gestation Pour Autrui (GPA) consiste à faire porter et venir au monde son enfant par une tierce personne, lorsqu’on ne peut pas enfanter soi-même.
-C’est interdit en France, mais on peut quand même se rendre à l’étranger pour le faire ?
Oui, pour les couples d’hommes, ça se passe majoritairement aux USA et au Canada.
Du moment que la GPA est autorisée dans le pays en question, les français peuvent s’y rendre pour concrétiser leur projet. Aux USA et au Canada, ça se fait depuis longtemps et c’est très bien encadré légalement.
-Alors, racontez-nous votre parcours !
Nous sommes en couple depuis 8 ans (nous nous sommes rencontrés à Nouvel Esprit )
Notre désir d’avoir des enfants ensemble émerge il y a environ quatre ans. Nous nous sommes d’abord renseignés auprès des deux associations nationales accompagnant les familles homoparentales : l’ADFH et l’APGL.
Nous avons ensuite commencé nos premières démarches en février 2019, et nous nous sommes tournés vers les USA.
Il nous a fallu trouver une agence qui sélectionne et accompagne les mères porteuses, une clinique qui réalise la FIV, et une donneuse d’ovocyte. En effet, dans la GPA éthique, la mère porteuse n’a pas de lien génétique avec l’enfant qu’elle porte.
Concernant la donneuse, nous avons choisi une femme qui a souhaité donner son identité. Ainsi, aux Etats Unis, dans le cadre d’une GPA, les enfants peuvent avoir accès à leurs origines génétiques.
En juin 2019, nous nous sommes rendus à la clinique en Californie pour faire nos dons de gamètes et nous sommes allés en Arizona pour rencontrer la femme qui a porté notre bébé. La rencontre avec elle puis la relation, sont importantes et pleines d’émotions, puisqu’il s’agit de donner ensemble, la vie !
En octobre 2020, nous nous sommes mariés, pour pouvoir devenir, plus tard, tous les deux, parents légaux en France.
Quelques semaines après, la FIV est effectuée et notre mère porteuse est enceinte !
Pour la suite, nous voulons être honnêtes et il faut le garder en tête : la grossesse par GPA reste une grossesse et tout ne se passe pas forcément comme prévu ; comme souvent dans ces cas-là !
Nous tenons également à préciser que le parcours de GPA est long et éprouvant (il est en moyenne d’au moins deux ans, quand tout va bien). En ce qui nous concerne, seul un des deux embryons implantés s’est développé. Et puis le stress dû à l’éloignement ainsi que le fait de ne rien maitriser, de ne pas pouvoir soutenir notre mère porteuse concrètement dans les moments difficiles, a été éprouvant. La communication avec cette dernière au cours de la grossesse n’a pas non plus toujours été simple. De plus, la barrière de la langue rend les choses encore plus difficiles. Les émotions s’expriment plus aisément dans notre langue maternelle…
Et puis bien sûr, le COVID est venu pimenter la fin du dernier trimestre ! Là encore, énorme stress du fait de l’improbabilité de notre départ pour les USA, dans un contexte de fermetures des frontières.
Donc pour résumer, dans le cas d’une GPA, il faut être solide, persévérant et avoir une bonne résistance au stress !!!
Mais malgré toutes ces épreuves, nous nous estimons chanceux. Nous avons finalement, après de longues semaines de batailles et de négociations, pu être présents à la naissance de notre fils Robin en Juin 2020.
Et ces moments sont inoubliables !!!
Nous sommes aujourd’hui une famille, et notre bonheur n’est pas mesurable.
Notre fils, Robin, est en bonne santé, il grandit bien, c’est un bébé très souriant et épanoui !
Il nous remplit de bonheur chaque jour. C’est beaucoup d’Amour et d’affection.
-Et au retour en France, quelles sont les démarches à faire ?
Nous avons eu quelques soucis avec les administrations françaises, notamment du fait de leur manque de volonté et de compréhension ; mais après quelques semaines, nous avons obtenu des papiers d’identités français pour notre fils, ainsi que l’inscription à la CAF et la CPAM.
Reste le processus d’adoption par le deuxième parent, le «père d’intention », c’est à dire celui qui n’est pas le père génétique. Cette démarche a pour but d’inscrire le deuxième père sur l’acte de naissance de notre fils en France ; ce qui ancre la filiation des deux parents (pour l’autorité parentale et la succession notamment).
Plusieurs possibilités sont envisageables, mais nous avons choisi la reconnaissance de notre jugement de parentalité américain devant la Justice française. Cette procédure s’appelle « exequatur », et cela prendra encore quelques mois.
- Quel a été le coût de votre GPA ?
Nous avons dépensé environ 150 000 euros, sans compter les voyages, sachant que nous n’avons pas eu de dépenses liées à des complications de santé durant la grossesse, (nous n’avions pris aucune des garanties proposées…).
C’est énorme et ça rend le projet malheureusement inaccessible à certains… De notre côté, nous avons dû faire un prêt pour une partie de cette somme. Nous savons cependant que c’est moins onéreux au Canada.
Vivement que la GPA soit autorisée et encadrée en France !
- Un dernier mot ?
Oui, être parent change la vie. Et malgré les difficultés dont nous vous avons fait part, ça vaut la peine à 200% !
C’est pour cela que nous voulions témoigner. L’homoparentalité existe, et c’est une belle aventure !
Donc, si d’autres personnes souhaitent se lancer dans un projet de GPA, nous pourrons les aiguiller au mieux en fonction de notre expérience.
Vive les familles où règne l’Amour !
Julien et Joaquim
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