Oui Madame Boutin, On vous écoute !

Christine Boutin, présidente du parti chrétien démocrate, était l’invitée ce matin de France Info. Il a été longuement question du pacs dont on fête ces jours-ci les 10 ans – la loi a été votée le 13 octobre 1999 pour ensuite entrer en vigueur le 15 novembre de la même année – et le succès: le nombre de pacs conclus en un an est passé de 22108 en 2000, première année complète, à 100999 en 2007 et 144716 en 2008, selon l’Institut national d’études démographiques (Ined).
Celle qui a été la chef de file des anti-pacs déclare en ouverture de son interview qu’il est “important de regarder en arrière pour construire l’avenir”. Soit. Mais celle qui prédisait plus ou moins l’apocalypse en cas d’adoption du pacs il y a 10 ans a une drôle de façon de regarder en arrière.
“LEVER UN TABOU”
“Je suis heureuse d’avoir mené ce combat, explique-t-elle, car dans toutes les familles de France, on a parlé d’homosexualité à ce moment-là. On a fait lever un tabou.” Et de quelle manière!
Comme nous le rappelions hier, Christine Boutin déclarait en octobre 1998, à la veille du premier vote avorté à l’Assemblée nationale (faute de députés socialistes suffisamment présents): “Je
ne crois pas qu’il soit bon d’ériger en norme l’homosexualité. L’homosexualité est par nature la difficulté d’atteindre l’autre dans sa différence, et quand on ne peut pas atteindre l’autre dans
la différence, c’est l’exclusion.” Mais qu’on se rassure, tout ceci n’était et n’est toujours que de l’amour. “Les homosexuels, je les aime autant que les hétérosexuels”, déclare aujourd’hui
Christine Boutin. Mieux, elle est “favorable à l’égalité de droits entre homosexuels et hétérosexuels”, mais contre le pacs et le mariage pour les couples de même sexe. Alors comment faire? “Il y
a beaucoup d’homosexuels qui ont envie qu’on leur fiche la paix, assène-t-elle. Ils n’ont besoin ni d’un mariage, ni d’un pacs, ils veulent vivre entre eux”. Autrement dit, marginalisés, sans
droit, juste avec l’amour de Christine Boutin. Car l’ancienne députée est formelle: le pacs n’est pas un “progrès”, il n’était que le souhait de “militants homosexuels minoritaires”