«La diversité de nos identités est une force et une richesse», rappelle le président de SOS homophobie, à quelques heures de l'Existrans.
Aujourd’hui, et comme chaque année, nous marchons pour que les personnes trans’ et intersexes trouvent enfin la dignité, la sécurité et l’épanouissement nécessaires. Nous marchons pour montrer que la diversité de nos identités est une force et une richesse. Nous marchons pour réaffirmer la nécessité de légiférer au plus vite sur le changement d’état civil, pour que chacun.e ait la liberté de vivre son identité de genre.
Combien de temps devrons-nous encore marcher pour que les vies de toutes et de tous soient acceptées sans haine? Combien de temps devrons-nous encore lutter contre les fantasmes et les chimères de celles et de ceux qui brandissent une pseudo «théorie du genre», stigmatisant encore un peu plus les personnes trans’? Combien de temps devrons-nous encore battre les pavés de l’intolérance pour changer les regards?
Changer le regard de la rue. Plus qu’aucune autre discrimination, la transphobie se vit sans scrupule et à visage découvert: près d’un témoignage sur cinq reçu par SOS homophobie fait ainsi état d’insultes ou d’agressions physiques dans des lieux publics. Trop souvent, les personnes trans’ peinent encore à trouver le soutien et le réconfort de leurs proches – de leur famille, de leurs collègues, de leurs voisin.e.s. Elles se heurtent plutôt à l’incompréhension et au rejet, devant souvent prendre leur distance pour vivre et s’épanouir pleinement.
Changer le regard des pouvoirs publics. La transphobie est aujourd’hui reconnue par la loi comme une discrimination à part entière, mais les mots pour le dire trahissent l’hypocrisie du discours politique. Non, la transphobie n’est pas une discrimination à raison de l’ «identité sexuelle» mais bien de l’«identité de genre». La loi doit être modifiée en ce sens et véritablement mise en œuvre. Car malheureusement, trop souvent encore, les victimes renoncent à chercher secours auprès des forces de l’ordre, de peur d’être mal accueillies, discriminées, moquées.
Changer le regard de l’État. Il est urgent de légiférer dans le sens d’une procédure de changement d’état civil véritablement – et enfin – respectueuse des droits humains. SOS homophobie milite en faveur d’une procédure simplifiée de changement d’état civil, qui ne soit plus subordonnée à un parcours médical. Dans le monde, la France doit se prononcer pour la suppression de la transidentité de la liste des troubles mentaux établie par l’Organisation mondiale de la santé.
Changer le regard de la société. En formant et en sensibilisant les professionnel.le.s susceptibles d’intervenir auprès des personnes trans’, les personnels de santé, de l’éducation, judiciaires. Le personnel pénitentiaire doit aussi être sensibilisé afin qu’il puisse adapter au mieux les conditions de détention des personnes trans’ incarcérées, en prenant en compte leur genre vécu et en leur permettant de suivre leur parcours de transition.
En changeant ces regards, nous combattrons l’ignorance et la peur de la différence, qui nourrissent la violence et la haine dont sont victimes les personnes trans, qui entretiennent les discriminations et le rejet.
En marchant aujourd’hui, nous nous battons pour que les personnes trans’ et intersexes ne soient plus les oubliées de nos luttes et les sacrifiées des politiques. Les libertés de chacune et de chacun construisent la liberté de tou.te.s.
Yohann Roszéwitch, président de SOS homophobie
Photo SOS homophobie